Que ce soit sur les bords de routes, dans les champs ou simplement dans un vaste terrain, tout le monde a déjà aperçu cette plante que l’on nomme « asclépiade ». Cependant, peu la connaissent réellement, malgré le fait qu’elle ait longtemps été considérée comme une espèce envahissante par plusieurs. Surnommée « soyer du Québec » ou « soie d’Amérique » en raison de ses fruits, elle apparaît dans de nombreuses étendues sauvages d’Amérique du Nord.
Bien que discrète, elle a une importante responsabilité au niveau de l’écologie, notamment par son rôle de source de nourriture exclusive pour plusieurs insectes. Si vous vous êtes déjà émerveillés devant la beauté d’un monarque, dites vous que cette petite bête a pu déployer ses ailes uniquement grâce à l’asclépiade! Les papillons adultes pondent leurs œufs directement sur les feuilles, afin que les chenilles puissent s’en nourrir juste après l’éclosion des œufs. Il existe quatre sortes d’asclépiade au Québec. L’asclépiade commune, la plus répandue, l’asclépiade incarnate, l’asclépiade très grande et l’asclépiade tubéreuse. Ces deux dernières sont peu courantes, étant même considérée comme espèce en voie de disparition en ce qui concerne l’asclépiade tubéreuse.
Propriétés médicinales et alimentaires
Malgré la toxicité du latex, cette substance blanche et laiteuse qu’on retrouve dans cette plante, l’asclépiade a longtemps été utilisée, notamment pour ses propriétés médicinales. De ce fait, le nom « asclépiade » provient du grec Asklêpios, qui est en réalité le nom du dieu de la médecine dans la mythologie grecque. En effet, bien avant l’arrivée des colons en Amérique, les Premières Nations l’utilisaient pour ses bienfaits sur la santé, pour la confection de vêtements, de cordes, ainsi que dans l’alimentation. Effectivement, les différentes parties de cette plante peuvent aider à soigner les troubles de digestion, l’asthme, la fièvre, les verrues et même les troubles respiratoires.
Un projet de recherche sur les graines et les follicules (la gousse contenant les fibres de soie) de l’asclépiade a aussi révélé que celles-ci contenaient des omégas 3, 6 et 9, lipides favorables à une bonne santé, ainsi que des terpènes (molécules odorantes des plantes) aux propriétés anti-inflammatoires. Mais ces bienfaits sur la santé ne sont pas les seules vertus de l’asclépiade. En effet, apprêtées de la bonne manière et cueillies au bon moment, ses diverses composantes, comme les gousses, les jeunes pousses et les boutons floraux encore fermés, peuvent être servis à manger, si l’on sait comment s’y prendre!
La confection de vêtements
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine utilisait la soie de l’asclépiade pour la confection de gilets de sauvetage servant aux aviateurs. Mais cet exemple n’en est qu’un seul parmi les nombreuses innovations qu’a connu l’industrie de cette ressource depuis le XXème siècle. Timidement, d’abord, puis de plus en plus depuis les quelques dernières années.
En effet, de plus en plus de compagnies ont tenté d’utiliser cette plante pour la fabrication de certains produits. Que ce soit pour des manteaux, des bottes ou des gants, plusieurs entreprises ont voulu remplacer le duvet et les matières synthétiques utilisés fréquemment par la soie de l’asclépiade, comme Monark Éco Fibre, Quartz Co, Coopérative Monark… Pour quelles raisons? Les plantations de cette ressource nécessitent moins d’eau et de soins que plusieurs exploitations de fibres à vêtements et les plans des cultures de cette « soie d’Amérique » sont beaucoup plus résistants. Malheureusement, plusieurs de ces compagnies ont dû soit fermer leurs portes, soit mettre leur projet sur pause. La cause de cela est un manque de mise au point sur les machineries et les procédés utilisés à la récolte et à la transformation de cette ressource.
En plus de cela, il faut beaucoup de temps pour produire peu de soie de bonne qualité, donc la plupart des compagnies n’ont pas pu répondre à la demande… C’est que cette ressource prend du temps à produire et transformer! Cependant, certaines compagnies continuent de voir le jour et commencent tranquillement. C’est le cas par exemple de Lasclay avec sa fabrication de mitaines isolées à la soie d’asclépiade ou Atypic Equipment avec sa production de vestes et manteaux. La soie de l’asclépiade présente aussi de nombreux avantages tels que le fait qu’elle soit hydrophobe (qui n’absorbe pas l’eau), qu’elle soit un excellent isolant thermique, qu’elle soit hypoallergène, ultra légère, en plus d’être 100% biodégradable. L’enthousiasme du public par rapport à l’utilisation de cette plante est donc bien compréhensible, puisque ce sont des produits écoresponsables et fabriqués localement! C’est donc un marché très prometteur pour tous ceux qui souhaitent améliorer leurs habitudes en question de consommation et qui fait son apparition doucement, mais sûrement !